Bernardo Arevalo sera finalement présent au second tour de l’élection présidentielle du Guatemala, programmé le 20 août. La Cour constitutionnelle du Guatemala, plus haute juridiction du pays, a suspendu jeudi 13 juillet une décision de justice interdisant au parti Semilla (graine) du candidat social-démocrate de concourir lors de ce scrutin.
Une résolution de la Cour constitutionnelle a accordé une injonction provisoire à Bernardo Arevalo, annulant ainsi la mesure adoptée mercredi qui empêchait la participation du candidat de Semilla au scrutin, a déclaré la plus haute juridiction du Guatemala dans un communiqué.
Bernardo Arevalo s’est rendu au bureau du procureur général pour y déposer une plainte pour “prévarication” (manquement grave d’un fonctionnaire) contre le procureur à l’origine de la suspension de l’enregistrement juridique de son parti. “Ce qui est important maintenant, c’est d’agir contre le procureur corrompu (Rafael) Curruchiche”, a-t-il déclaré, jeudi, en conférence de presse.
Sandra Torres et Bernardo Arevalo, tous deux sociaux-démocrates, se sont retrouvés en tête des 22 candidats à la présidence au premier tour, marqué par une forte abstention et un grand nombre de bulletins nuls.
Favorite des sondages et candidate malheureuse à plusieurs reprises auparavant, Sandra Torres a obtenu presque 16 % des voix. Le député Bernardo Arevalo, fils du premier président démocratiquement élu du pays Juan José Arevalo (1945-1951), a créé la surprise avec presque 12 % des suffrages.
Une campagne en suspens
Le procureur Curruchiche, déjà visé par des sanctions de Washington en raison des poursuites intentées contre des juges anti-corruption, a ordonné, jeudi, une perquisition au siège du registre des électeurs. “Il y a des indices selon lesquels peut-être plus de cinq mille citoyens auraient adhéré illégalement au parti Semilla à l’aide de documents falsifiés”, a fait valoir le parquet dans un communiqué.
Le Tribunal suprême électoral (TSE) a pourtant proclamé la qualification de Sandra Torres et Bernardo Arevalo au terme d’une vérification des votes exigée par la Cour constitutionnelle à la demande des principaux perdants.
Pour Bernardo Arevalo, 64 ans, le procureur Curruchiche “tente tout simplement de semer le doute sur notre honnêteté en usant d’insinuations et d’ambiguïtés”.
De son côté, Sandra Torres a annoncé la suspension de sa campagne électorale afin d’assurer une compétition électorale “dans des conditions d’égalité” avec son rival. “Nous sommes tous affectés par cette confusion”, a dénoncé la candidate, demandant au président sortant Alejandro Giammattei (droite) de sortir de son silence.
Des partisans de Bernardo Arevalo ont manifesté, mercredi soir, dans le calme devant le TSE pour exiger le “respect de leur vote”.
Une suspension dénoncée par la communauté internationale
La décision de suspendre le parti de Bernardo Arevalo avait suscité l’inquiétude et une levée de boucliers de la part de Washington, l’Union européenne (UE), l’Organisation des Nations unies (ONU) et du patronat guatémaltèque.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, “observe avec inquiétude les tentatives d’influer sur le second tour des élections et la tension croissante que cela provoque”, a indiqué, jeudi, un porte-parole de l’ONU.
La suspension du parti Semilla en plein processus électoral “menace l’un des fondements fondamentaux de la démocratie, le respect de la volonté populaire exprimée dans les urnes”, avait dénoncé l’UE dans un communiqué.
Cette décision “met en danger” la légitimité des élections, a averti à Washington Matthew Miller, un porte-parole du Département d’État. Les États-Unis sont “profondément inquiets en raison de la tentative du parquet de révoquer le statut légal du parti Semilla”, a-t-il dit.