Le président de la République se rendra mercredi à Bratislava, en Slovaquie, pour s’adresser aux opinions publiques d’Europe centrale, orientale et du Nord. Le lendemain, il sera à Chisinau, en Moldavie, pour la deuxième conférence de la Communauté politique européenne (CPE), ce forum qu’il a lancé visant à approfondir le dialogue avec tous les pays européens du continent, y compris et surtout avec ceux qui ne font pas partie de l’UE et de l’Otan.
Pourquoi ? Parce qu’il a bien compris, notamment face à ses propres détracteurs qui le jugeaient ambigu dans son rapport à la Russie, qu’il fallait reformer le carré, comme on disait jadis dans l’infanterie. « On est attaqués de toutes parts », dit-on à l’Élysée. « On » ? Les Européens. Par qui ? Singulièrement par la Russie qui, avec méthode, instrumentalise une géographie de la peur dans ses anciennes zones d’influence.
Réconcilier les deux Europe
Au pupitre du forum géopolitique Globsec de Bratislava, Emmanuel Macron souhaite donc marteler qu’il faut impérativement rester unis face à Poutine, surtout s’il s’agit de protéger l’Ukraine et la Moldavie. « Réconcilier les deux Europe et rassurer ceux qui sont à la lisière de l’UE », résume-t‑on dans l’entourage du chef de l’État. Ce n’est pas si simple. Il reste encore sept mois avant que les Vingt-Sept n’autorisent l’Ukraine et la Moldavie à entamer leurs négociations d’adhésion avec la Commission européenne.
Mais les pays d’Europe centrale qui pestent contre une Europe de l’Ouest trop molle vis‑à-vis du Kremlin sont parfois les mêmes se refusant à voir un jour l’Ukraine et la Moldavie bénéficier de subventions européennes qui leur étaient jusqu’à présent réservées. Idem pour l’adhésion à l’Otan. Doit-on promettre dès maintenant que l’Ukraine sera membre de l’Alliance, comme l’a déclaré le mois dernier le secrétaire général de l’organisation ? Ou n’engager ce débat qu’une fois la guerre gagnée ?
La position des États-Unis et des grands Européens de l’Ouest est de maintenir un soutien « indéfectible » à Kiev tout en laissant la question ouverte. Mais à condition qu’elle n’aggrave pas les différences entre alliés. Chaque faille est exploitée par la Russie, tout comme les difficultés de l’UE à résoudre les conflits à ses portes, que ce soit entre la Serbie et le Kosovo ou entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. « Arrimer » toute l’Europe à l’UE, cette stratégie-là demande autant de patience que de détermination.
La Source: Le JDD