Sans surprise, l’eurodéputé et président du parti par intérim devrait rafler la majorité des voix des adhérents et prendre les rênes du Rassemblement national, alors que le parti est sous le feu des critiques après les propos de Grégoire de Fournas.
Pas de surprise attendue. Jordan Bardella devrait accéder ce samedi à la présidence du RN, permettant à Marine Le Pen de se concentrer sur l’Assemblée et ses ambitions élyséennes intactes. Mais l’exclusion vendredi de 15 jours du député RN Grégoire de Fournas de l’hémicycle pour des propos jugés racistes vient perturber l’intronisation attendue.
Le RN semblait rattrapé par ses vieux démons lorsque ses députés, Marine Le Pen comprise, ont été les seuls ce vendredi à rester assis au moment du vote pour établir une sanction à l’encontre du député de Gironde.
« C’est un déni d’expression, un mensonge organisé pour rendre tabou un sujet, pourtant extrêmement important », a estimé ce samedi matin sur France Inter Laurent Jacobelli, député RN de la Moselle, au sujet de cette sanction.
Concernant les propos de Grégoire de Fournas, Laurent Jacobelli dénonce « une opération organisée, LFI a besoin de faire du barouf ». « Il a parlé à un député français, et il lui a dit que les bateaux de SOS Méditerranée devaient retourner dans leur pays d’origine. De manière maladroite », a seulement reconnu Laurent Jacobelli.
La stratégie de banalisation du parti, qu’a promis de poursuivre Jordan Bardella, s’en trouve ébranlée. D’autant que le député sanctionné a régulièrement affiché son soutien au candidat.
Initialement pourtant, le week-end devait être l’opportunité d’orchestrer une transition tranquille dans un parti à l’histoire mouvementée. Le résultat du vote des adhérents, qui doit être révélé ce samedi matin à la Mutualité à Paris, devrait mettre fin à un faux suspense : après trois mois de campagne, nul n’imagine que le président par intérim échoue face à son rival, le maire de Perpignan Louis Aliot.
Son objectif : plus de deux tiers des voix
« La question, c’est l’ampleur de sa victoire », résume un cadre du parti, alors que l’eurodéputé s’est fixé pour objectif d’obtenir au moins 67,65 % des voix, le score obtenu par Marine Le Pen face à Bruno Gollnisch pour succéder à Jean-Marie Le Pen il y a onze ans.
Il s’agit pour Marine Le Pen de se libérer des tâches internes parfois ingrates, alors que l’épicentre du RN se trouve désormais à l’Assemblée nationale, où la députée du Pas-de-Calais rayonne sur un groupe de 89 élus et consolide plus que jamais son assise politique et médiatique. Délestée de l’intendance du RN, notamment de l’épineuse équation financière, elle pourra peaufiner une quatrième candidature à la présidentielle dans cinq ans, que personne dans le parti n’ose remettre en cause. « Il y a un rôle majeure de Marine le Pen, c’est la cheffe de file naturelle et la candidate légitime pour la prochaine éléction. Il faut à côté de ça un appareil solide », a souligné Laurent Jacobelli.
Jordan Bardella, lui, va devoir trouver sa place, alors que le parti a souvent réservé un sort cruel à ses numéros deux : « Le destin de dauphin est parfois de s’échouer », avait résumé en son temps Jean-Marie Le Pen. Il a pour lui d’avoir connu une fulgurante ascension, entamée en 2019 lorsqu’il avait pris la tête de la liste RN aux Européennes, avant de rafler la présidence par intérim du parti l’année dernière.