La présence des bêtes sauvages inquiète les éleveurs dans l’est du pays.
Les loups sont de retour en Belgique et leur présence entraîne des tensions avec les éleveurs. Ludwig Heinen possède 320 vaches. Avec trois meutes à proximité de sa ferme laitière dans les Hautes Fagnes, dans l’est du pays, il est inquiet même si jusqu’à maintenant sont cheptel n’a pas été directement menacé.
“Si les animaux sont mangés par les loups, c’est une chose. Mais si les loups rendent nerveux les animaux qui sont en liberté dans les champs, il n’est pas facile de les calmer à nouveau“, explique-t-il.
En revanche si on lui pose la question de la chasse au loup, la réponse est directe.
“Si un loup cause des problèmes, nous devrions pouvoir l’abattre et le tuer“, estime Ludwig Heinen .
Un veau et plusieurs moutons ont ainsi été tués dans la région. La présidente de l’association locale des éleveurs, Bauernbund, estime que les meutes n’ont pas leur place à proximité des fermes. Elle est donc favorable à la réouverture du débat sur le statut de conservation du loup. La Commission européenne souhaite en effet une révision car la population grandissante de ces animaux sauvages devient une menace pour le bétail.
“Les éleveurs souhaitent que le nombre de loups capables de vivre dans la nature et de s’y nourrir soit limité. Si les loups quittent leur habitat pour la zone d’élevage afin d’attaquer les animaux, c’est qu’ils sont trop nombreux. C’est pourquoi nous voulons fixer une limite“, insiste Ingrid Mertes.
Joachim Mergeay suit la vie quotidienne des loups en Belgique. Le chercheur à l’Institut pour l’étude de la nature et des forêts (INBO) affirme que ces animaux ne causent que des dommages économiques minimes. Mais les Européens n’ont plus l’habitude de cohabiter avec cette espèce.
“La question n’est pas d’ordre économique. Il s’agit de savoir ce que la présence des loups me fait ressentir en tant qu’agriculteur, en tant qu’acteur rural“, explique-t-il.
Joachim Mergeay estime que les contacts entre animaux de ferme et loups peuvent être évités par la construction de barrières. De plus, si l’Union devait assouplir ses règles de conservation du canidé, cela ne veut pas dire l’ouverture de la chasse au loup. Dès lors les difficultés des éleveurs ne disparaîtraient pas.
“Avec ces niveaux de protection réduits, on ne peut chasser que si les populations sont en bonne santé, dans un état de conservation favorable. Nous n’en sommes pas encore là“, prévient le chercheur.
Alors que le débat sur les loups s’enflamme, la Belgique compte une vingtaine de ces animaux sauvages qui sont par ailleurs décimés par le trafic routier. Cinq loups sont morts cette année sur les routes du pays.