Bruxelles/Berlin/Washington DC (31/10 – 46.00). Le président kazakh Kassym-Jomart Tokayev a de grandes intentions de transformer le pays en un État moderne avec un équilibre des pouvoirs redistribué entre les organes gouvernementaux exécutifs, législatifs et judiciaires. Ses réformes politiques transformeraient le Kazakhstan en un État où les véritables bénéficiaires de la richesse et de la prospérité du Kazakhstan seraient ses citoyens.
Les réformes sont en place depuis que Tokayev a pris le siège présidentiel le 12 juin 2019. Au cours de sa présidence, Tokayev a promulgué plusieurs réformes, notamment l’augmentation des salaires des travailleurs, la réduction de la corruption, l’abolition de la peine capitale et la décentralisation du gouvernement local.
Tokayev a souligné l’importance de la gouvernance locale, marquée par la toute première élection directe des akims de village (chef du gouvernement local) et il envisage d’introduire trois nouvelles régions qui rapprocheront les organes gouvernementaux des populations qu’ils représentent. Les Kazakhs pourront voter pour les akims des oblasts, les grandes villes et la capitale. Il a également lancé un référendum, qui s’est tenu le 5 juin 2022, avec quelque 77,18 % des Kazakhs (6,1 millions de personnes) votant en faveur des amendements constitutionnels.
Dans son discours présidentiel le mois dernier, Tokaïev a présenté un autre lot de réformes. L’un d’eux, il a présenté une législation empêchant tous les futurs présidents de servir plus de sept ans.
Le Kazakhstan organisera son élection présidentielle le 20 novembre, les experts et universitaires considérant l’élection et la récente politique limitant le mandat présidentiel comme un nouvel espoir de réformes politiques dans le pays. Au 12 octobre, cinq candidats à la présidence se sont inscrits à la Commission électorale centrale, dont deux femmes candidates à la présidence, ce qui est une première dans l’histoire du Kazakhstan.
Alors que Tokayev se présentera également aux élections de novembre au sein de la coalition populaire, un groupe d’organisations politiques et d’associations qui ont proposé de le désigner comme candidat, il n’a été affilié à aucun parti depuis qu’il a quitté la présidence du parti Amanat en avril. Il a réitéré que le chef de l’Etat doit être “politiquement neutre” et ne doit représenter aucun parti politique, affirmant que c’est un “grand honneur et une grande responsabilité” de se présenter à partir de la coalition populaire.
Le mandat présidentiel plus court est une réforme politique unique en Asie centrale qui contribuera à stabiliser le Kazakhstan. Au lieu d’adopter des politiques à court terme ou ad hoc pour garantir le prochain mandat, les présidents en exercice se concentreront sur la planification à long terme dans le meilleur intérêt du pays. C’est une véritable percée dans le développement de la démocratie au Kazakhstan.
Outre l’élection présidentielle de novembre, Tokayev a appelé à l’élection du Mazhilis (chambre basse du parlement) et des Maslikhats (organes représentatifs locaux) au premier semestre 2023.
Le paquet de réformes mis en œuvre par le président Tokaïev vise à décentraliser le pouvoir, à empêcher uniquement les privilégiés d’avoir accès aux ressources nationales, à institutionnaliser l’opposition politique, à renforcer l’autorité des gouvernements locaux et régionaux et à accroître la participation du peuple à la gouvernance du pays. Le Kazakhstan semble bien parti pour devenir une nation démocratique moderne avec une forte influence présidentielle et un système parlementaire axé sur le peuple.
Aidar Zayman (500)