Cette information-là sonne comme une ritournelle: les «élèves belges francophones sont les pires…» Cette fois, ils comptent parmi les «pires lecteurs d’Europe».
Le Programme international de recherche en lecture scolaire (Pirls) évalue les compétences en lecture des élèves de quatrième primaire. A travers des récits et des textes documentaires, ceux-ci doivent identifier des informations, interpréter des idées ou encore critiquer le contenu et les éléments textuels.
Résultat: 494 pour les Belges francophones alors que la moyenne des 19 pays de référence s’élève à 531. Les élèves de quatrième primaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles (l’ancienne Communauté française) ferment ainsi le classement. Tout en haut, on trouve l’Angleterre (588).
La lecture comme un pilier de réussite
La faute à la pandémie de covid et à la fermeture des écoles? Voire. «Au lendemain de la crise du covid-19, peut-on lire dans un rapport de synthèse de l’Université de Liège, la stabilisation des résultats apparaît, à certains égards, rassurante. Si les données récoltées ne permettent pas d’établir un lien statistique clair entre la durée des fermetures des écoles et le score à l’enquête Pirls, il est tout de même à noter que la Fédération Wallonie-Bruxelles fait partie des systèmes éducatifs où l’interruption de la scolarité durant l’année scolaire 2020-2021 a été la plus limitée. Les résultats des élèves à l’enquête Pirls 2021 laissent à penser qu’en termes de compréhension en lecture, l’impact de la crise du covid-19 est limité».
En retournant dans les archives, on voit que les élèves belges francophones n’ont fait ni mieux ni pire que lors des précédents tests, alors que d’autres reculent nettement (Flandre, Slovénie, Pays-Bas…). Mais cette stabilité ne peut être un objectif en soi. Selon les concepteurs de l’enquête, «la compréhension en lecture est envisagée comme un pilier de la réussite scolaire mais aussi du développement personnel et citoyen des élèves».
Ces buts sont précisément ceux que veut atteindre l’enseignement obligatoire en Belgique francophone. Il est actuellement en pleine réforme et il est donc trop tôt pour tirer des leçons des mesures progressivement instillées pour améliorer les apprentissages.
Offrir les mêmes chances de réussite
Le monde politique n’a pas pour autant l’intention de rester les bras croisés. D’où l’idée défendue devant le Sénat de descendre l’âge de l’obligation scolaire à 3 ans. Fixé autrefois à 6 ans, il a déjà été abaissé à 5 ans en 2019.
Pour l’auteur de la proposition de résolution, le libéral Gaëtan Van Goidsenhoven, « l’abaissement de l’âge permettrait de donner un cadre commun qui offrirait à tous les mêmes chances de réussir leur scolarité (…) En effet, entre trois et six ans, l’enfant développe à l’école maternelle des compétences indispensables pour aborder ensuite à l’école primaire, et dans de bonnes conditions, l’apprentissage des savoirs fondamentaux», explique-t-il au Soir.
Rendre l’école obligatoire dès 3 ans aurait l’avantage de niveler les inégalités entre les enfants. Ceux qui sont issus de milieux défavorisés accumulent plus de retard que les autres, a fortiori s’ils sont élevés dans une autre langue que la langue d’enseignement. 37% des petits sont dans le cas à Bruxelles, ville qui accueille traditionnellement un nombre important de migrants.
La démarche entreprise par le Sénat n’est qu’un début. En Belgique, bien que l’enseignement soit une affaire de communautés, le fédéral garde dans ses attributions le début de l’obligation scolaire. Mais l’abaissement de l’âge de l’entrée à l’école a de toute évidence le vent en poupe. C’est une question de temps.
La Source: Virgule