Monday, September 16, 2024
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Serbie: Aleksandar Vucic, Maître du Tempo Politique

En agissant ainsi, le président serbe, en place depuis 2017, démontre encore une fois qu’il est le maître du tempo politique. Son parti devrait en toute logique s’imposer. Il faut dire qu’Aleksandar Vucic, qui est notre Européen de la semaine, a mis en place un système qui ne laisse aucune chance aux autres formations politiques.

Il n’a que 53 ans, et pourtant Aleksandar Vucic est certainement la figure politique la plus ancrée et la plus importante en Serbie. Membre du parti radical serbe qu’il rejoint en 1993, nationaliste et conservateur, il entre au gouvernement dès 1998, en tant que ministre de l’Information. Il prend ensuite la tête de sa formation politique, devient député jusqu’en 2008. Exclu de son parti, il rejoint le SNS, le parti progressiste serbe, en 2008.  En 2012, il est nommé ministre de la Défense et vice-président du gouvernement, avant d’en prendre la présidence en 2014 jusqu’à son élection en tant que président de la République serbe en 2017.   

Alliances politiques et clientélisme

Un parcours qui a permis à ce juriste de formation de mettre en place un système qui aujourd’hui fait encore ses preuves. « Il y a plusieurs éléments, mais c’est vrai qu’un des éléments, c’est que les médias étant contrôlés (40% du temps de diffusion est consacré à monsieur Vucic, 80% des informations sont positives), l’espace médiatique pour les oppositions et pour les messages d’opposition est extrêmement réduit, explique Florent Marciacq, docteur en sciences politiques, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales et codirecteur de l’Observatoire des Balkans. C’est le premier élément. Le second élément, c’est que monsieur Vucic, au cours de ses différents mandats, a consolidé des alliances politiques, également clientélistes, avec certains partis et certaines personnalités pour régner justement sur la Serbie. Ce qui est plus compliqué pour les forces d’opposition qui sont souvent issues de mouvements de protestation qui ne disposent pas de ces partis traditionnels comme alliés, de ces alliances que monsieur Vucic a pu bâtir au fil des ans. »

Aleksandar Vucic a mis en place un système redoutable, avec près de 700 000 adhérents à son parti. Selon Florian Bieber, politologue et historien, spécialiste des conflits ethniques et du nationalisme dans les Balkans, il est sûr de se maintenir au pouvoir :« Pour obtenir un travail en Serbie, il faut être membre du parti. Aleksandar Vucic utilise tous les mécanismes possibles. Les membres de sa formation doivent voter pour le parti, les gens employés par l’État doivent aussi prouver que les membres de leur famille, par exemple, votent pour le parti au pouvoir. Il y a tout un répertoire des moyens pour assurer ou pour aider aux victoires électorales. »

Aleksandar Vucic utilise aussi les moyens de l’État pour mieux contrôler les électeurs. Il faut dire que c’est la quatrième fois depuis qu’il est président, donc depuis 2017, qu’il dissout l’Assemblée, ce qui fait que les Serbes vivent pour ainsi dire une campagne électorale permanente. Une campagne où il est omniprésent. « Dans un clip du parti au pouvoir, il y a une scène où il sort du frigo. Ça se passe dans un appartement en Serbie. La famille parle de politique, quelqu’un ouvre le frigo et voilà Vucic qui sort du frigo pour leur expliquer ce qu’il a fait de bien pour les Serbes. C’est une image qui prouve qu’il est omniprésent », indique Florian Bieber.

Un système bien rôdé

Aleksandar Vucic, après le mouvement de protestation du mois de mai dernier qui dénonçait entre autres la violence dans la société serbe, des manifestations qui ont remis quelque peu en question sa gestion des affaires, veut retrouver toute son autorité, d’où ces élections. « Sa popularité a un petit peu diminué ces dernières années, surtout depuis les dernières élections, ce qui l’a amené à avancer des nouvelles élections anticipées de façon, comme il le fait à son habitude, à décider du tempo de l’agenda politique, à imposer des délais courts aux campagnes et bénéficier un petit peu de cet élan en remobilisant un petit peu ses troupes », explique Florent Marciacq.

Le système Vucic est donc bien rodé. Un système qui remet en cause les principes démocratiques en Serbie. Mais peu importe puisque cette année, comme lors des élections législatives précédentes, le Parti progressiste serbe devrait s’imposer avec un Aleksandar Vucic qui ressemble de plus en plus à un autocrate.

rfi

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